Les Clichés cachés, deuxième partie

Voilà, vous avez fait un roman avec un monde criant de réalisme, jusqu’au moindre détail. Vous le passez à un ami et il vous déclare après lecture que oui, c’est très bien, mais qu’il a une forte impression de déjà vu… Un peu comme quand vous lisez « Le trône de fer ».

Sans le faire exprès, vous avez quand même parsemé votre histoire de clichés. Ce n’est pas toujours facile de tracer la limite entre le cliché et le symbole. Alors encore quelques réflexions perso.

Les enfants

Le problème de l’enfant idéalisé dans la littérature a fait couler beaucoup d’encre.

Le plus délicat est d'avoir des enfants parlant et agissant en adéquation avec leur âge. Bon, vous n’en avez peut-être pas. Mais vous en avez été un. Alors, comment étiez-vous à 5 ans, 10 ou 15 ? Quelles étaient vos relations avec votre entourage ? Que saviez-vous faire ? Qu’est-ce que vous aimiez/détestiez ? Comment vous comportiez-vous ?

Pour le niveau de connaissances, ça dépend beaucoup de sa culture. Un petit paysan africain de 8 ans sera capable de faire un feu de bois et préparer le repas familial (PAS concourir pour la version locale de Masterchef), mais ne saura peut-être pas lire. Un petit français du même âge saura utiliser une gameboy comme un virtuose, mais sera incapable de cuire un œuf ou réchauffer une barquette au micro-onde. Bref, si votre héros est un enfant du Moyen-Age, il penchera plutôt du coté du petit africain, alors que s’il évolue dans une civilisation technologiquement avancée, il ressemblera plutôt au petit français.

Enfin, s’il vit dans un village façon Moyen-Age, il aura très tôt des notions de reproduction au moins par les animaux de la ferme, la mort, non seulement dans son entourage, mais celle des poulets, lapins, porcs etc… qu’on fait cuire. Il aura aussi une vague idée de ce qu’est un accouchement, surtout si c’est une fille qui doit assister ses parentes, voisines etc… dans ces circonstances. Bref, très différent de l’image idéalisée de l’enfant de la campagne façon Robert Jordan, David Eddings ou Raymond Feist qui, elle, fait plutôt début du 20ème siècle.

Pour la maturité, sachez que c’est une notion trèès relative (déjà, pour les adultes, ça se discute…). D’après mes vieux cours de psycho, on peut être quasi autonome dans la vie quotidienne vers 7 ans (« l’âge de raison ») et on a toutes les fonctions intellectuelles d’un adulte à… 12 ans. D’où l’âge de la majorité dans nombre de civilisations anciennes. Attention, les fonctions intellectuelles, ce n’est pas la même chose que la capacité de s’en servir de façon optimale (certains n'y arrivent jamais...) ou l’expérience !

Enfin, comme pour les femmes, donnez à votre gamin une force et une résistance en adéquation avec son âge et son milieu (à ce propos, je recommande le petit documentaire « sur les chemins de l’école » http://www.youtube.com/watch?v=jsyDtye0B7E).

Les animaux réels et imaginaires

Le problème le plus fréquent dans les histoires où le héros est humain est d'avoir des animaux qui ne parlent et n'agissent qu’en fonction de lui ou des humains en général. Ils sont des accessoires. Imaginez, par exemple un héros qui serait devenu copain avec un dragon. Le dragon, lui, a toujours une vie de dragon (du genre : trouver à manger, surveiller son territoire pour qu'un autre dragon ne le lui pique pas, se faire remarquer par la mignonne dragonne qui habite de l'autre coté de la montagne...). Bref, il doit jongler entre ses problèmes à lui et ceux que lui apporte son copain humain, voire accessoirement, sauver le monde. Dur, dur...

Il faut aussi éviter le problème inverse: un animal qui se comporte comme un être humain (encore plus dur).

Attention aussi aux vieux stéréotypes/symboles : le chat nonchalant, cruel, énigmatique, le chien fidèle etc... On ne peut pas complètement y échapper, mais n'en faites pas trop!

Enfin, non, les animaux n'ont pas un langage universel: un chien ne comprend pas une vache plus qu'un humain ! Simplement, un chien de ferme a beaucoup plus l’habitude des vaches et de leur comportement qu’un citadin en vacances !

Les autres races

On peut faire les mêmes remarques que pour les animaux : votre race est-elle là pour servir de décor ou pour elle-même ? Essayez ce petit test : http://www.springhole.net/writing/marysuerace.htm .

Pire, votre race est-elle une version cliché d’une civilisation humaine réelle ? Bref, que faisait-elle avant de rencontrer le héros ?


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