Non, les écrivains de langue anglaise ne sont pas tous américains!

Ça y est, j’ai encore discuté avec quelqu'un qui était convaincu que Terry Pratchett était américain. Désolée, non. Pas plus que JRR Tolkien, Neil Gaiman ou Joe Abercrombie.

Essayez d’aller sur les sites US ou UK de Amazon, et vous verrez le nombre d’auteurs de SFF qu’ils présentent. Sur le lot, seulement une poignée (généralement les meilleurs) sont traduits en français.

Du coup, je me permets mon grain de sel perso sur la différence entre les écrivains de fantasy british et US depuis ces 20 dernières années :

Les américains, à quelques exceptions, sont définitivement attachés au cheminement du héros (même quand c'est un antihéros, à priori), l’émotion et les relations entre les personnages. Leurs persos sont un poil bavards, même lorsqu’ils sont sensés être taciturnes. Ils pensent comme des individus modernes. Il est beaucoup question de traumas de l’enfance et des obsessions qu’on trouve dans le reste de la culture populaire US (religion, sexe, problèmes raciaux…). Il y a une vision encore assez positive de la violence dans les descriptions. Le style est facile à lire et assez homogène d'un écrivain à l'autre. Ça donne des histoires carrées, faciles à comprendre, sans prise de tête. Ça donne aussi parfois des scènes vraiment épiques, romantiques ou visuellement spectaculaires à vous couper le souffle.

Les Brits ont des intrigues plus baroques, pleines de références historiques, littéraires, ou cinématographiques (Pratchett en fait carrément un ressort de ses ouvrages). Ils ont un style moins lisse, moins facile à lire, plus individuel. De plus, ce sont souvent des fanas d’histoire. S’il y a la description d’une épée, vous pouvez être sûr qu’un modèle semblable a réellement existé. Comme dans leurs films, ils ont le goût du détail réaliste, voire gore : vous sentez les 20kg de la cotte de mailles sur vos épaules, vous savez réellement quel effet ça fait d’attendre la charge de milliers de cavaliers vociférants et à quoi ressemble un homme à qui on vient d'ouvrir le ventre d'un coup de hache. Les persos sont moins lisses, plus réalistes, voire franchement tordus. Les auteurs prennent le risque de surprendre ou déstabiliser le lecteur.

Les canadiens (Guy Gavriel Kay) et les australiens (Garth Nix) sont entre les deux.


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